Le titre de cet ouvrage peut nous induire en erreur ; ce n’est pas la plus belle période du Liban qui est décrite, mais le début de sa fin. Présence palestinienne, conflits régionaux et insouciance des Libanais, l’auteure dresse un portrait exact et sans parti pris de la situation de la « Suisse du Moyen-Orient » de la fin des années 60 jusqu’à l’année 1979.
Le roman commence en 1967, avec la découverte d’un personnage ayant réellement existé : Georgina Rizk, âgée de quatorze ans, qui rêve de devenir mannequin et d’être une célébrité. Elle sera la première libanaise à gagner le concours de Miss Univers, à seulement 18 ans. Cette jeune fille insouciante, rêvant de gloire et de beauté, contraste avec un événement qui arrive quatre pages après le début de notre lecture : le 6 Juin 1967, l’armée libanaise abat un avion militaire israélien. Nous passons en quelques instants d’un extrême à l’autre, de la jeunesse libanaise à une crise militaire et diplomatique, ce qui résume parfaitement le Liban d’antan, et (malheureusement) d’aujourd’hui.
Diane Mazloum décrit le Liban d’avant 1975 à partir de l’histoire d’amour entre Georgina et Ali Hassan, Palestinien prêt à combattre pour son peuple, à tel point qu’il deviendra un des soldats les plus hauts placés aux côtés de Yasser Arafat. Evidemment, la religion est pleinement présente ; Georgina est chrétienne, et Ali est musulman. Les tensions entre chrétiens et musulmans, entre Libanais et Palestiniens viennent renforcer la complexité et le rejet de ce couple atypique pour l’époque. En effet, après son succès au concours de beauté le plus prestigieux du monde, la jeune Georgina est devenue l’idole des Libanais, et son amour pour un Palestinien pleinement investi dans la résistance n’a laissé personne indifférent.
L’auteure contextualise les évènements qui ont mené à la guerre civile, sans pour autant les juger. C’est là la réussite de ce roman, surtout lorsque l’on sait que la guerre et ses déclenchements sont toujours un sujet tabou au pays du Cèdre. Une citation résume parfaitement cette situation, à propos de la fusillade contre un bus de Palestiniens, qui est considérée comme la date de début de la guerre civile : « Personne n’a su à ce jour expliquer cette fusillade. On trouvera autant de versions différentes qu’il y a d’habitants au Liban ».
La lecture de ce roman est très accessible, et il n’est pas indispensable de connaître l’histoire du Liban pour apprécier le texte. Au contraire, vous pourrez la découvrir !
Cette sortie est l’occasion pour nous de vous présenter un autre ouvrage libanais, paru il y a quelques années. Il s’agit des Vies de papier, de Rabih Alameddine.
Nous suivons Aaliya Saleh, ancienne libraire ayant vécu à Beyrouth pendant les années de guerre civile. Chaque année, cette passionnée de littérature débute la traduction en arabe d’une de ses œuvres préférées, sans jamais en avoir publiée une seule. Elle rejette la vie sociale telle qu’elle existe au Liban – et qui de son point de vue consiste à ragoter tout en buvant du café. Aaliya est donc une vraie solitaire, à laquelle nous nous attachons d’emblée, comme lorsqu’elle se teint les cheveux en bleu, alors qu’elle souhaitait simplement obtenir un reflet bleuté… Et décide de tout garder ainsi.
Ce roman est rempli de références littéraires, et a été particulièrement bien traduit. Nous prenons plaisir à partager notre lecture avec une amoureuse des livres, qui n’a de cesse de replonger dans ses vieux souvenirs. Ceux de la guerre civile, où ses angoisses la saisissaient devant la présence de cadavres en plein milieu de la rue. Ceux de sa librairie, où elle a rencontré ce jeune homme au parcours si complexe… Mais nous n’en dirons pas davantage, afin de vous laisser la joie de découvrir ce texte puissant et très touchant.
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